vendredi 16 décembre 2022

Ma peau de bête (6)

 

La plupart des deux pattes ne faisaient que passer. Ils venaient déposer toutes ces choses sur le bord de la route. Souvent, ils laissaient là des cadavres, de cabris, de cochons, des têtes de vache… Nous savions alors que le soir venu nous n’aurions pas à entrer dans l’Enclos, un festin nous attendait, livré à domicile.

D’autres deux pattes s’arrêtaient, regardaient ces tas, sans vraiment les fouiller. La vieille disait : « Regarde les, ces curieux, ils viennent voir les yeux dans les yeux leur face misérable. » Je n’ai jamais vraiment compris le sens de cette réflexion, il faut dire qu’elle en avait dans le ciboulot, La vieille ! Elle avait vécu tant de choses qu’elle en avait attrapé une certaine philosophie. Ainsi elle voyait des choses que je ne voyais pas.

D’autres deux pattes passaient dans de gros camions remplis de tout un barda. Ils allaient décharger dans l’Enclos, là où la nuit venue nous irions en cas de pénurie, chercher de quoi manger.

Et dans l’Enclos, tout le long du jour, travaillaient engins et deux pattes à entasser, ranger, recouvrir les restes que nous irions déterrer plus tard.

Nous attendions donc le soir, les allées et venues finies, pour vaquer à nos occupations. Il y avait tant à manger, que nos relations ne posaient pas de problème, suffisait de garder la bonne distance.





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