Une force puissante se présenta en des coups de buttoir, qui forçait un passage nuits et jours. Tantôt sous les draps surfant une vague invisible qui finissait toujours par l'emporter en des extases, tantôt à se dire que cela était folie. Mais il ne pouvait pas s'opposer, il ne pouvait dire Non, et au plus profond de son être il savait cela juste.
Une chance les vacances scolaires commençaient, il demanda à partir dans la maison des hauts, tellement perdue dans son trou de montagne, isolée, accessible que par un chemin cahoteux, si bien que plus personne ne demandait à y aller. Une case en bois sous tôle, qui avait appartenu à un lointain grand-oncle, petit blanc, renié par la famille pour avoir épouser une fille d'esclave noir, on l'appelait la cafrine. Avec lui toute une branche de la famille était tombée en déshonneur , et un jour le dernier des fils était mort sans laisser de descendance. La case par le jeu de l'héritage était revenue au clan familial, on y avait fait installer l’électricité, et le point d'eau dans la cour avait été raccordé à un système de plomberie, au début quelques téméraires trouvèrent cela amusant d'aller jouer au Robinson, puis très vite...
Le ciel était si pur, « vacuité » pensa Victor. La maison était là, dans son écrin de verdure, le jeune homme se souvenait de son dernier séjour, il avait 10 ou 12 ans, tout l'avait émerveillé alors. D'un coup, c'est comme s'il se retrouvait, enfant, curieux de tout, si léger, libre, sans qu'aucun adulte ne vienne le rappeler à l'ordre pour les devoirs, ou quelques consignes de sécurité : ne pas trop s'éloigner, se protéger du soleil et des moustiques, ne pas oublier de se laver les mains, on craignait plus que tout la leptospirose à cause des rats. C'est de cette maladie qu'était mort le dernier fils de la branche des fauteurs de trouble, comme une malédiction s'accomplissant.
Il s'installa, après avoir nettoyé de fond en comble la maisonnée, la débarrasser de son odeur de moisissure. Les volets grands ouverts, et par ces ouvertures sans bâti de fenêtres rien ne retenait le regard, la montagne en profondes ravines, et au loin le sommet plat de Grand Coude On ne pouvait voir l'océan qu'en grimpant plus haut pas une sente escarpée, ici les arbres le dissimulaient derrière son rideau dense d'une infinité de verts.
Alors qu'il préparait le lit pour la nuit qui n'allait pas tarder à tomber, il pensa à cette aïeule, "la cafrine", qui avait habité là. Il la voyait s'affairer dans la petite chambre, il regretta de ne pas pouvoir l'appeler par son prénom ne le connaissant pas. Il cherchait parmi les noms qu'ils connaissaient celui qui irait avec ce beau visage qu'il voyait, aucun il n'en trouvait aucun. Elle était étonnement joyeuse, pleine d'amour, si petite et si menue.
Il s'endormit avec son doux sourire devant les yeux. Ce devant les yeux, qui n'est ni du dehors, ni du dedans.
Des cyclones (2)
Des cyclones (3)... Victor
Des cyclones (4)... Victor
Des cyclones (5)... Victor
Ah le métissage ! Sur ton île comme ailleurs...
RépondreSupprimerOui !!!!! en témoignent les petits blancs des hauts !
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