jeudi 9 décembre 2021

Des cyclones (15)... Victor

 

Il se mit à la chercher, il fallait qu'il la revoit, vérifier quelque chose...

Elle est nouvelle dans le lycée il ne l'a jamais vue avant, elle portait une robe légère qui avait virevolté sur ses jambes, déplaçant l'air dans un parfum qui lui était à la fois familier et inconnu. Un soir il l'aperçut près de la grille, alors qu'il s'approchait elle se hâta et disparut dans la rue piétonne. Il ne la chercha plus.


Plus tard, plus loin, c'est elle qui vint encore vers lui : 

-  Il s'est passé une drôle de chose l'autre jour...

- Oui, je sais »

Arfff, voilà qu'elle est à nouveau agacée par ce qu'elle prend pour un excès d'assurance.

« Je ne suis sûr de rien, ma vérité n'est que de l'instant. »

Elle le regarde encore, il a l'air si inoffensif et en même temps quelque chose en lui qui … sait, oui cela sait en lui. Elle se sent mise à nu comme jamais ce n'est arrivé, elle sait l'importance de ce qui se passe là, cela est-il agréable ou désagréable ? Une douce vibration l'enveloppe, une caresse, elle aime. Elle lui dit.

Va-t-il se fâcher, va-t-il la rejeter, lui dire que Non ce n'est pas ça ? Ce serait terrible parce qu'aimer est la seule chose qui l'intéresse, elle qui depuis toujours voit que cela n'est pas amour partout en tout, enfin pour ce qui est des relations humaines parce que lorsqu'elle marche dans la nature cet amour elle le sent, dans une conversation si intime avec le brin d'herbe, la pétale qui s'offre au soleil, les verts de la montagne et le bleu de l'océan. Il y a peu pour la première fois, elle a vu au cap de la Houssaye une baleine et son baleineau, elle a senti l'amour qui unissait ces deux-là aux profondeurs des eaux, à la migration, au ciel dans le saut, à la lumière dans chaque goutte suspendue le long de la ligne d'horizon. Et le chant de la baleine ce n'est pas ses oreilles qui ont entendu, c'est son ventre, de l'intérieur, la mère parlant à son petit. Les gens étaient nombreux à s'être arrêtés pour profiter du spectacle, les appareils photos, les portables, tous affairés à mémoriser l'événement (j'y étais!), elle avait vu encore que malgré tout ce tapage médiatique des esprits, chacun d'eux étaient touchés d'une manière véritable, que cela s'éclairait en eux. Mais en cet instant d'avoir dit qu'elle aime, elle attendait fébrilement sa réponse sans plus oser le regarder.

« Ne t'inquiète pas, l'amitié se construit, il faut du temps. Sais-tu quelle est la plus belle parure de l'amitié ? La patience. »

Ah ça, de la patience elle en a à revendre, elle a cette curieuse impression d'être en patience depuis des millénaires pour que cela soit, la patience en elle est une fleur qui s'ouvre le matin et se ferme le soir tranquille au moment du grand plongeon dans la nuit, que repos soit.

Construire, elle apprendrait !






2 commentaires:

Merci de vos commentaires