mercredi 18 janvier 2023

Ma peau de bête (11)

 
La Vieille est morte.
Depuis quelque temps, elle était fatiguée, le corps ne faisait plus d’effort.
Elle n’a pas fait ses adieux, pas même à moi, son adoption, elle s’est éloignée, elle voulait être seule pour faire le dernier pas qui est le premier, comme elle disait. Durant plusieurs jours nous l’avons cherchée. Ce n’est que lorsque nous avons trouvé sa dépouille toute ouverte aux vers, que nous avons admis qu’elle nous avait quittée. Avec elle, partait…

Je ne devrais pas dire cela. Pour elle, la vie, et la mort, c’était un tout. Il n’y avait aucune tragédie, là dedans. Elle disait qu’il fallait mourir, pour que quelque chose de nouveau puisse voir le jour. Elle disait que si l’on mourrait chaque jour à ses attachements, à ses peurs, la mort physique n’était qu’un point de détail. Alors, j’ai tourné le dos, à ce qui bientôt ne serait plus.

Pour autant, quelque chose me poursuit depuis qu’elle est partie, comme un sentiment d’insécurité, comme un pressentiment. Les choses ne tournent plus avec la même harmonie.
Le vent, il y a ce vent puissant, qui ne nous quitte plus, il ne cesse même pas la nuit comme à l’ordinaire. Le froid pénètre les ravines. Il pleut souvent, ça aussi ce n’est pas de coutume, nous sommes en hivers, la saison sèche.
Est-ce suffisant pour expliquer cette atmosphère tendue ? Je pense que non, sans pouvoir dire pourquoi.
Ficelle va bien, elle allaite les petits qui sont nés depuis le départ de la Vieille. Ils sont gras, joyeux, aucune raison de se faire du souci.





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