La
Vieille est morte.
Depuis
quelque temps, elle était fatiguée, le corps ne faisait plus
d’effort.
Elle
n’a pas fait ses adieux, pas même à moi, son adoption, elle s’est
éloignée, elle voulait être seule pour faire le dernier pas qui
est le premier, comme elle disait. Durant plusieurs jours nous
l’avons cherchée. Ce n’est que lorsque nous avons trouvé sa
dépouille toute ouverte aux vers, que nous avons admis qu’elle
nous avait quittée. Avec elle, partait…
Je
ne devrais pas dire cela. Pour elle, la vie, et la mort, c’était
un tout. Il n’y avait aucune tragédie, là dedans. Elle disait
qu’il fallait mourir, pour que quelque chose de nouveau puisse voir
le jour. Elle disait que si l’on mourrait chaque jour à ses
attachements, à ses peurs, la mort physique n’était qu’un point
de détail. Alors, j’ai tourné le dos, à ce qui bientôt ne
serait plus.
Pour
autant, quelque chose me poursuit depuis qu’elle est partie, comme
un sentiment d’insécurité, comme un pressentiment. Les choses ne
tournent plus avec la même harmonie.
Le
vent, il y a ce vent puissant, qui ne nous quitte plus, il ne cesse
même pas la nuit comme à l’ordinaire. Le froid pénètre les
ravines. Il pleut souvent, ça aussi ce n’est pas de coutume, nous
sommes en hivers, la saison sèche.
Est-ce
suffisant pour expliquer cette atmosphère tendue ? Je pense que
non, sans pouvoir dire pourquoi.
Ficelle
va bien, elle allaite les petits qui sont nés depuis le départ de
la Vieille. Ils sont gras, joyeux, aucune raison de se faire du
souci.
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