Ce
soir, avant que le soleil ne franchisse la rivière, je quitte ma
petite famille, je veux être le premier sur les bons coups.
Elles
sont deux, des deux pattes, à scruter les fourrés, à observer les
alentours. Tapi dans les fourrés, à mon tour je les observe. Elles
vont, viennent, descendant d’une voiture, y remontant pour faire
une courte distance. Elles parlent, fort, avec beaucoup d’excitation.
Elles semblent déçues, comme si elles attendaient quelque chose qui
ne vient pas.
Soudain
Le Gaston traverse la route juste devant la voiture. Le véhicule
pille, elles surgissent en criant : « En voilà un, en voilà un ».
Bien sur, elles n’ont que le temps de l’apercevoir, le Gaston a
déjà disparu.
Je
les suis jusqu’à l’Enclos, elles se sont engagées sur le chemin
qui finit en impasse devant la clôture.
«
Ça pue ! C’est une horreur ! », dit l’une d’elle. L’autre
scrute le haut du mont Joie. Qu’attendent-elles donc ?
Personne
ne viendra à cette heure, et aucun passage ne leurs permettra
d’accéder à l’Enclos de ce coté ci.
Tout
à coup, elles sont à nouveau en état d’excitation : « En voilà,
regarde ! »
En
file indienne, comme à l’accoutumée, la bande de l’enclos,
passe à l’inspection les alentours avant de descendre dans la
fosse du jour en quête de leur repas quotidien.
«
Trois, quatre, dix, quinze…
Il
y en a plus, regarde là-bas ! »
«
C’est pour ceux là qu’il faut s’inquiéter… »
S’inquiéter
? De quoi, pour quoi ? Elles sont reparties, sans que je comprenne,
le pourquoi, le comment.
Je
reste à regarder les copains descendre, remonter, combien sont-ils ?
Beaucoup, beaucoup…
«
Beaucoup trop ! » Je sursaute. Je n’ai pas vu venir Gaston.
-
Pourquoi trop ?
- Ça
va faire du vilain. Souviens-toi, la Vieille, elle racontait que
là-haut les problèmes ont commencé quand ils ont été trop
nombreux. »
«
L’endroit était un vrai paradis, nous y étions si heureux. Cela
s’est su. Au début, il en est venu quelques uns en ordre dispersé,
puis chaque jour plus nombreux. Certains ont attaqué le bétail
vivant, et là l’enfer a commencé : les pièges, puis le fusil, le
fusil, et le poison. Ils ne nous ont plus laissés en paix. Tout ce
qui arrivait qui ne leur convenait pas nous était reproché.
Des
bruits ont couru que des bandes avaient attaqué des deux pattes. Le
bruit chez eux fait toujours vérité.
Nous
avions beau fuir, nous terrer plus loin, au creux des profondes
ravines, la rumeur a été plus forte que notre discrétion. J’ai
choisi de partir. »
C’est
ce qu’elle avait raconté et Gaston a raison, c’est beaucoup
trop.
Alors,
là j'ai commencé à entendre le bruit dans la tête des deux pattes
…
L'homme ne supporte pas la vie sauvage ! Alors il cherche à la soumettre ou à la détruire !
RépondreSupprimerOui ! sauvage et libre, il ne supporte pas !
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