jeudi 11 août 2022

Un mirage, un village ...

 

Un village navire, un village de pierres sèches
Iceberg au bord de ce large fleuve
En partance pour une destination de brumes
Et les verts, et les bleus se confondent aux bruns.
 

Caspar D. Friedrich 

mercredi 10 août 2022

Onde, ronde...

 

Doux chant
Onde de plaisir
Son et lumière
Tous les sens en même temps.
 
En toi, je m'écrase
En toi, tout s'écrase
Et le vin peut être tiré.


Il n'y a de salut que dans la profondeur de l'être.

 

Le divin à toutes les sauces, non merci
C'est alors une débauche d'exclamations
Un brassage d'émotions somme toute
Superficiel
Ce drôle de mouvement qui fait s'incliner
En direction d'un être supérieur
Donc extérieur
Et se réjouir d'être sa créature
Soumise et récompensée pour sa soumission

Non, merci.




Chassé-croisé, un continent en marche

 
Près de l’école, je passe avec les chiens
C’est l’heure de la récréation
Je guette si je le vois …
 
Il déambule dans la cour, tête basse, à grandes enjambées
Il est si grand, on dirait un héron fouillant les vases
Au milieu d’une volée de moineaux
Il disparaît de mon champ de vision
Plus loin, entre deux murs, un passage étroit
Deux taties font la garde, chaises barrant le coin
Ici les enfants n’ont pas le droit d’aller bailler au portillon.
 
Le voilà, alors que j’allais partir, qui vient s’asseoir
Juste là dans le coin
Je l’appelle : « Maxime, Maxime »
Il ne m’entend pas
A la troisième tentative, il lève la tête, me voit
Rien ne bouge dans son visage, si sombre.
 
Souvenir de lui, bébé, dans la voiture de son père
Au fond de son siège auto, triste, si triste
Sentir au plus profond de mon être toute sa détresse.
Souvenir de son père…
Il avait trois ou quatre mois
Je l’avais laissé quelques jours, pour régler une affaire
De Nîmes à Paris, de Paris à Nîmes
Pas seul, évidemment, confié à son père et un couple d’amis
Le retrouver, prostré, triste, si triste…
Des heures pour le sortir de sa bulle mortifère
Des heures à le caresser, le cajoler
Rire, en ayant envie de pleurer
Et partager enfin la joie, retrouver son sourire.
 
Petit Max franchit l’interdit, me rejoint au portail, me tend son minois
« Ça va pas ? »
Il me dit que si…  et puis, presqu’à regret :
« C’est seulement que personne ne veut jouer avec moi »
 
J’ai rien dit, les mots de réassurance sont tombés sans que je les retienne, ils ne disent que des conneries.
Juste le caresser, rire avec lui, le temps d’un regard
Que je prolonge ici.
 
Ce que tu vis, mon petit, je le connais si bien
La solitude de la différence, invisible parfois
Là, en soi. Voir ce que les autres ne voient pas
Sentir, ce qu’ils ne sentent pas…
Pas moyen de s’intégrer, comme on dit
Il faudrait régner en maître, ou se soumettre.
Que ces deux voies qui n'en sont pas
Restent loin de toi.
 
Tu vas apprendre, dans cette si difficile mise en relation
Tu vas apprendre à la connaître TA différence
C’est ta plume d’ange à toi
Et lorsque tu la verras aussi clairement que ce ciel vacuité
Tu trouveras quelqu’un... les yeux ouverts, et...  rire avec toi.
Et si cela ne se faisait pas !
Quelle importance !
Cela ne fait pas besoin, ni urgence
On n’est jamais seul quand l’énergie circule
Et surtout, on sait que tout est écrit, utile à …
Alors vraiment, plus rien n’a d’importance
Tu iras le pas paisible, je te le dis.
De pas en pas... Je passe encore avec les chiens...
Tu as grandi encore
Je te vois traverser la cour
Ce n’est pas l’heure de la récréation
Tu es si paisible
Me revient cette image de toi, dans cette même cour
Arpentant rageusement, la tête scrutant le vide à tes pieds.
 
Mon cœur sourit, c’est un continent qui se montre à voir
Cet enfant est un continent en marche...



mardi 9 août 2022

C'est la planète libérée !

 

Je n'en doute pas un seul instant
L'homme se libérant enfin de ses chaînes
Illusions et mensonges

L'homme entrant dans la maîtrise
De son propre destin tout accomplissant
C'est la planète libérée !

Il n'y a pas d'autre façon de sauver le monde.



Alezandro : Oui mais voilà quel est réellement le poids et la nature de ces chaînes?

Miche : C'est un travail que chacun de nous peut (doit) faire, de répondre à cette question : "Quelle est la nature de mes chaînes ?"



Plume d'ange et l'oiseau

 
Le chant des oiseaux font la voûte céleste
Parfois, un chant s'entend
Qui vient d'un ailleurs
Autre temps, autre lieu.
 
Ce chant vient de si loin …
 
Tout le corps vibre à cet appel
Plume d'ange
S'envole
Rejoint l'oiseau
Son ascension, libre.
 
Traverser des cieux d'azur
Des ciels rougeoyants
Des nuages pourpres
Des nuits profondes
 
Traversée...


Ce matin-là, en vélo

 

Les lianes se sont échappées du terrain cultivé et l’enfant, qui est si grand pour son âge, m’a aidée à cueillir quelques grenadilles bien mûres.

Ce matin, en vélo, il file devant. Le voilà qui revient, quelques fruits dans une main :

– Une excursion chez le voisin. 

Ah, non, il ne faut pas entrer chez les gens !

Pourquoi ? C’est pas bien ?

Écoute. On appelle ça, "propriété privée" et la loi des hommes en interdit l’accès. Les animaux se font des territoires qu’ils marquent de leurs urines et excréments, c’est une question de survie, une question d’interactions vivantes. Rien n’est figé dans le règne animal, c’est comme ces lianes qui s’échappent.

Les hommes pensent qu’ils sont supérieurs aux animaux et les traitent bien mal. Tu vois les vaches là-bas, attachées nuits et jours qui se chient dessus ? Les hommes, eux, ont fait des clôtures de barbelés, de hautes murailles, faisant les propriétés privées de liberté. Ils ont oublié qu’ils étaient venus pour autre chose que la répétition, si bien qu’ils sont dans la destruction. Ceci dit, il nous faut vivre en paix avec eux, surtout quand on ne voit pas les choses comme eux.

C’est de la lâcheté ça !

Non c’est de l’intelligence, si tu les affrontes, tu n’obtiendras que la guerre. Et ce n’est pas ce que tu veux. Invisible à leurs yeux, je cueille les fruits, les brèdes, et me nourris de ce qui n’appartient pas. Tu comprends ? Ce qui n’appartient à personne, à la nature toute entière.