L'esprit,
comme en ma grand mère
La
dernière nuit de sa vie, je l'ai vu
Dans
ce semblant de l'inconscience de l'agonie
Son
esprit était là, vif, ne manquant rien
De
ce qui se passait dans la chambre...
L'esprit,
invisible, va et vient
Prenant
toutes les informations
Aussi
celles qui échappent aux penseurs
Prenant
toutes les informations
Ne
laissant venir au détricotage de la raison
Que
certaines d'entre elles...
Ainsi
pour cette opération de l'hernie abdominale
Docteurs
H, et M ont lancé des signaux annonçant
Que
cela serait un mauvais moment à passer
Que
cela n'était pas indispensable au regard du cancer
C'est
vrai, si j'avais su, je ne l'aurai pas demandée
Mais
voilà, ma raison est restée dans l'ignorance
Et
ainsi la fleur au fusil, je suis partie.
Dans
la salle d'opération, sous le masque
Profondes
respirations, tout commence
L'équipe
au grand complet
« Personne
fragile » ils se sont passé le mot
Comme un passage de relais, au coeur de l'équipe.
Depuis
que la petite chirurgienne a recousu
Mon
nombril, et posé un voile de mariée
Sur
la ligne blanche
Je
fais des crottes comme
Je
ne me souviens pas d'en avoir fait
Grosses
et moulées, un chef d’œuvre.
L'enfant,
la mère ...
J'avais
mal au ventre, je lui disais
« Où ?
Où as-tu mal au ventre? »
Demandait
la mère d'un ton inquisiteur
L'enfant
montrait son nombril
La
mère hurlait.
Je
n'ai jamais compris pourquoi ma réponse
Occasionnait
autant de fureur
A
chaque fois c'était pareil, jusqu'au jour
Où
je n'ai plus dit que j'avais mal au ventre.
La
petite chirurgienne, aux doigts de fée
Au
sourire si doux
Je
ne sais plus à quel moment
Mais...
Nos
mains se sont rencontrées
Jointes
en une embrassée.