dimanche 8 janvier 2017

La terre s'ouvrira

Ce n'est pas la mort qui vous fait vous perdre les uns, les autres, et les visages et toutes traces de celui qui vous avez aimé, votre époux, votre épouse, vos enfants, vos parents, ceux que vous dites : « les miens ».
Et pourtant comme vous pleurez, vous lamentez devant le corps inanimé, le cadavre, froid, déjà en décomposition.
C'est bien du temps de ce que vous nommez le vivant, le vivant qui n'est pas la mort, qui lutte contre la mort, c'est bien dans cette relation que vous vous perdez les uns, les autres. 
Relation ? Il serait préférable de parler de non-relation. Oh vous vous voyez souvent, tous les jours peut-être, vous partagez pleins de soucis, et des plaisirs, des repas et des activités ludiques, les parents s'engagent en des possessions à transmettre, les enfants s'engagent en des études pour des métiers d'avenir, les fils se mêlent, s’emmêlent, et vous ne voyez même pas qu'ainsi vous vous perdez les uns, les autres.
Alors quand vient mourir, cette phase cruciale de transformation, il ne reste rien de vos parents, de vos époux, de vos enfants, de vos amis, rien, absolument rien qu'un souvenir inerte qui disparaît bientôt avec vous. 
Comme je comprends votre désarroi si profond, si caché, déni et inconscient sanctifié.

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