Ce
n'est pas la mort qui vous fait vous perdre les uns, les autres, et
les visages et toutes traces de celui qui vous avez
aimé, votre époux, votre épouse, vos enfants, vos parents, ceux
que vous dites : « les miens ».
Et
pourtant comme vous pleurez, vous lamentez devant le corps inanimé,
le cadavre, froid, déjà en décomposition.
C'est
bien du temps de ce que vous nommez le vivant, le vivant qui n'est
pas la mort, qui lutte contre la mort, c'est bien dans cette relation
que vous vous perdez les uns, les autres.
Relation ? Il serait préférable de parler de non-relation. Oh vous vous voyez souvent, tous
les jours peut-être, vous partagez pleins de soucis, et des
plaisirs, des repas et des activités ludiques, les parents
s'engagent en des possessions à transmettre, les enfants s'engagent
en des études pour des métiers d'avenir, les fils se mêlent,
s’emmêlent, et vous ne voyez même pas qu'ainsi vous vous perdez
les uns, les autres.
Alors
quand vient mourir, cette phase cruciale de transformation, il ne
reste rien de vos parents, de vos époux, de vos enfants, de vos
amis, rien, absolument rien qu'un souvenir inerte qui disparaît
bientôt avec vous.
Comme
je comprends votre désarroi si profond, si caché, déni et
inconscient sanctifié.
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