Elle
avait pénétré un endroit où il était question de magie, d'objets
maléfiques, de mauvaises et de bonnes énergies. Il y avait là
quelques discutants qui se renvoyaient une balle molle et gluante qui
semblait leur coller à la peau. Non qu'ils approfondissaient mais
ils pataugeaient en tellement d'agitation dans une flaque d'eau
boueuse que les parois ruisselaient d'un liquide nauséeux.
Elle
se mit à penser aux vertes et jaunes savanes, à la montagne des
brumes qui ourle l'horizon, en elle se déroulaient les parfums, la
beauté de ces échanges où naître et mourir ne fait pas des
histoires de sorcellerie, mais les animaux qui ne savent pas mentir.
Elle
fut accusée d'idéaliser les animaux et de diaboliser les humains.
« C'est
un comble, se dit-elle, moi diaboliser les humains ?
Ceux-là qui ne parlent que de diable et de dieu, qui vivent dans la
terreur d'être affectés, rendus malades par la force de la magie,
qui projettent superstitions et menaces, ceux-là me montrent du
doigt. » Elle rit.
Mais
qu'est-ce qui leur arrive ? Qu'est-ce que c'est que ce
méli-mélo ? Est-ce un moyen pour ne pas se retrouver face à
eux-mêmes ?
Elle
ne sentait pas même le danger dont ils ne cessaient de parler, tout
était feint, la colère, la peur, l'indignation. Parler d'énergie
et aucune intensité perceptible, du brouillage rien que du
brouillage, pas même de bons acteurs !
Il
fut question du lien de cause à effet, et là l'évidence qu'ils le
créent de toute pièce avec leurs explications. Ils ne peuvent même
plus voir que des explications il y en a tant et tant, qu'un même
objet change ainsi de formes, et donc d'intention. Tant et tant qu'un
intellect un tant soit peu honnête les laisse toutes tomber les
explications !
Et
alors que se passe-t-il ?
Rien,
il ne passe rien... l'esprit encombré se vide, il retrouve sa
condition naturelle qui est vacuité. L'énergie circule sans se
séparer en bonne et mauvaise énergie.