J'ai
marché sur la corde raide avec toi
Toi
mon troisième enfant
L'abandonné !
Tu
es prêt à tout, question de survie
En
moi c'est trouvé remué un vieux rêve caressé.
Et
puis cette sensibilité !
Qui
fait l'éponge et cette attente
Du
beau, du vrai, élevé, éthéré
Attente
de ce qui est derrière le voile
Ce
voile qui parfois se fait...
Oui
comme dans le sous-sol, le tapis épais
Séparation
pour cet endroit obscur
Les
patates sous l'escalier, en tas, qu'elles n'aillent pas germer
Elles
le feraient pour sûr ! Mais le plus tard possible
Quand
la fin de l'hiver sera venu, et qu'il ne resterait que quelques
ramollies
Sous
l'escalier...
Et
puis contre le mur le tonneau de cidre
Qu'on
m'envoyait tirer
Et
ma peur, si grande !
Sous
l'escalier, il y avait foule qui s'agitait, qui marmonnait
De
mauvais plans, je le savais, de mauvais plans contre moi
Je
les entendais, je les sentais...
Oui,
il fallait vite, vite remonter la bouteille pleine
Vite,
vite franchir les dernières marches
Celles
où ils m'attendaient pour m'attraper, me tirer
Dans
leur monde obscur....
Enfin
la cuisine, ils étaient tous à table
Les
parents et la fratrie
Et
le poste dans le placard ...
Oui,
ce n'était pas encore ça !
Mais
c'était là où j'étais née.
Jean David SABAN