lundi 23 avril 2018

De la Marie-Jeanne et des chats et des signes.

Elle tourne sur la terrasse
Son visage habituel
Masque d’amabilité
Se fend en lambeaux
"Hello Marie-Jeanne ! "

Elle ne prend pas le temps
De répondre à mon salut
"Il y a des chats !"
Des tout petits, oui
Derrière la case
Dans le tas de bois
"Pas de chats !"
Elle geint sur son asthme
Sa grosse poitrine se soulève
Ce n’est pas qu’elle veut les tuer
"Mais pas de chat !"

Non, ils ne sont pas à moi
A la maison, plus que le vieux Mimine
Et ce chat des voisins du bout
Qui vient tous les soirs manger dans sa gamelle
Je lui rappelle que c’est ainsi que j’ai trouvé
Sur la chaussée trempée, appelant comme un forcené
Le petit Moïse qui n’est plus.

Non, je ne me mêlerai pas de ce signe du monde
Qui vient l’interpeller, elle.

Un peu plus tard, c’est lui qui est sur la terrasse
Abattu, prostré
Elle crie du dedans
Elle lui aura demandé
Que dis-je, ordonné, de mettre un terme
A ces imposteurs sous le tas de bois
Je m’en retourne
Le laissant à son dilemme
Écouter la voix en lui
Ou écouter la voix de la femme
"Pas de chats ! "

A aucun moment, ne viendra
L’éclair de lucidité
Attendre que la mère revienne
Et l’aider à déplacer ses petits.

Ce signe était pour eux
Jusqu’à l’accomplissement.



 Kertesz

Des représentations

Un jour on a décidé de ne pas accepter l’inadmissible
Oui, ce jour là est de tout temps
Il a fait la révolte, la recherche de solutions
Puis comprendre qui est prendre en soi.

Alors voir que l’on est ce monde
Et s’atteler à la tâche de l’étude des comportements
Les siens qui sont ceux de tout un chacun.

Voir est mettre fin…
Formule magique que l’on aura répétée
Désespérant de notre incapacité à franchir le mur en soi.

Retour à la case départ
Rien de plus, rien de moins
Pas de solution, plus de question.

Comme on a décidé de ne pas se soumettre
On décide tout simplement
De ne plus réactiver cette représentation du monde.



STEVEN KENNY

Des voisines...

Il chante le bel oiseau dans sa cage
Elle en aura racheté un, l’autre ayant été volé
Elle aura mis le prix, seul ce qui coûte
Mérite intérêt
Pareil pour le chien...
« Ça c’est pas chien errant !!! »
Le jour où elle l’avait perdu et retrouvé.

Non, pas de critique, ni de regret
Mon âme est si légère…
Ne pas penser, à cet enfermement du vivant
Juste écouter le chant de celui-ci
Dans sa cage…

Chante, bel oiseau, aux ailes coupées
Mon oreille t’entend
Elle vibre à l’unisson
Frémissement de ce qui ne pourra
Jamais être retenu prisonnier.


Création de Coco de Paris 
D'après une œuvre de  Magritte

dimanche 22 avril 2018

Tremblement, doucement... en voyage

Le voile tremble doucement
Une larme, une seule
Des fenêtres ouvertes
Enfin pour celles qui osent l’interdit
Alors, partir un peu...
Se souvenir comme on aime ça
Partir… sans avoir à revenir.

Bien sûr on reviendra
Enfin encore une fois.

Vous écoutez, sans en juger
Sans coller de vilains mots
Sur ce qui est
Vous goûtez à l’heure de quatre heures
Sourire de vos facéties
Là, je ne sais plus
Puisque tout fait parti. 



Beeple, Art digital

Des hommes et des paysages

Il y a des gens très cons, faut le dire, puisque cela est
Ils vont dans tant d’arrogances, de certitudes, d’écrasement de l’autre.

Oui je sais au fond d’eux la peur
Pitoyable, authentiquement pitoyable
Et bien sûr ils ne sentent jamais concernés, c’est toujours l’autre qui…


On m’a dit que cela ne sert à rien de peindre ce spectacle affligeant, que rien n’existe vraiment, que les cons ça pourrait être des gentils, des doux, des mains ouvertes, des regards profonds.
Oui,  des hommes comme des paysages…

 
 Beautiful-Sony-Awards-Photography

Congo, Afrique, et cette belle voix forte d’homme...

Reportage sur le Congo, grand pays au centre du continent Africain, riche de tant de minerais, et si pauvre pour les siens.
Des guerres, la pauvreté, le manque d’éducation …

On le sait, à travers le monde entier, on le sait que cela se passe comme ça, à côté de la grande richesse, la grande pauvreté, et même la mort par obésité et la mort par famine…
On le sait… savoir n’a vraiment aucun effet.

Là, voir les gens, ils parlent, racontent… descendre dans la mine… dans la rivière un couple, l’homme s’exprime en un langage clair, d’une belle voix posée.
Un dollars, voilà ce qu’ils gagnent à deux pour nourrir la famille, le jour sans travail est un jour sans manger.
Il dit ses connaissances en métallurgie, mais pas moyen d’échapper à la prospection.
Il dit ce qu'il sait qu’au delà de leur misère, on gagne beaucoup d’argent avec le minerai.
Il parle, non pour se plaindre, mais pour dire. Et sa voix pénètre la maison :
« Il faut que vous voyez, il faut que la France voit, comment nous nous vivons, voir notre souffrance.
Voir ?
Oui, voir notre souffrance. »
Il n’y a pas de colère, ni d’énervement, juste cette belle voix forte d’homme.

Plus loin la jeune fille, violée. Elle est là parmi ces sœurs, et les bébés qu’elles ont mis au monde, et les enfants orphelins de la guerre. Elle est là dans l’ombre, on devine à peine son visage, mais sa tristesse, sa détresse, si présente.

Et ces dernières images… ce jeune garçon, à genou face à cet homme. Je ne sais pas qui il est celui là, belge, peut être un responsable de la mine.
Deux sacs sont posés là, et l’homme parle rudement. Il attrape les mains de celui qui dit avoir trouvé les sacs remplis de minerai :
« Regarde comme tes mains sont sales, ce sont des mains qui ont creusé, pas des mains qui ont attrapé le poisson. »
Il insiste pesant de tout le poids des mots, les mots de celui qui sait et qui décide, "des mains qui ont creusé… des mains de voleur ! "
« Quel âge as-tu ? »
Le garçon bredouille, il a 15 ans.
« Montre tes dents ! Ce ne sont pas des dents de 15 ans ça, mais des dents de 9 ou 10 ans, voleur et menteur. Alors tu vas aller en prison, je te livre à la police. »
Et le gamin est jeté dans un camion.
L’homme blanc, dans toute son arrogance, s’adresse au journaliste, déplore le manque d’éducation… il ne perçoit rien, absolument rien de son comportement, de ses incohérences, de son manque profond d’éducation et de son manque total d'humanité.


samedi 21 avril 2018

De l'attention...

Il y a en l’être humain cette chose incroyable
Que toujours il s’éloigne, se sépare...
Je ne vois qu’une seule chose possible
L’attention à toutes les activités issues de l’esprit
Investigations, explications, discussions
Analyses, comparaisons, jugements
Je ne vois qu’une seule chose possible
Attention en soi… 
 
Les yeux portés sur cette lumière si belle
Sur cet espace qui s’ouvre en elle
Si je te rencontre, c’est là que cela se fait
Seulement dans les profondeurs je puis te retrouver… 



Andre Kertesz