vendredi 23 octobre 2020

Murmure de bois

 

Mystère vibrant
Que l'explication réduit à néant
Connaissance silencieuse
Murmure de la bouche à l'oreille
Sans intermédiaire.





mercredi 21 octobre 2020

Cils vibratiles

 

En sa corolle délicate
Dans son inclinaison naturelle
Son pistil dressé
La fleur éclot.




 Simone Baumeister

Oh doux chant de mon amour ...

 

L'homme n'a rien inventé
Toute inspiration lui vient de la nature 
Y compris celle qui le fait vivant 
Et pourtant il n'a de cesse de la supplanter
Par la culture, son œuvre.

Découvreur de terres
Pour se les approprier il faut bien 
Prétendre y être pour quelque chose
Avoir gagner une bataille
Contre la vie même.

Le voici à défoncer des portes ouvertes
A redresser ce qu'il a tordu
A sauver ce qu'il a perdu.

Oh doux chant de mon amour !




L'écureuil roux

Ni dedans, ni dehors

 

Ce n'est pas que le manque vienne à manquer
Illusion du non-besoin dans le déni
Que provoquent la justification et le jugement.

Dans la condition d'être vivant en conscience
Le manque est toujours-là.

S'accompagner, ne pas se séparer
L'esprit toujours plus silencieux
Position du témoin
Derrière, au-travers le manque
Quelque chose de l'essence immuable
Se laisse percevoir.

Ce n'est pas une promesse
Ce n'est pas à atteindre
Ce n'est ni dehors, ni dedans.

Et voici le temps de l'hiver venu
Sous ces latitudes pas de froidure excessive
Seuls les platanes laissent leurs feuilles tombées
Citronniers et autres agrumes couverts de fruits
Les jours à peine plus courts
Pourtant c'est le temps de l'hiver.




Le loup blanc 


mardi 20 octobre 2020

Et Bim Bam Boum, Badaboum !

 

Une certaine latitude qui laisse venir l'idée de se mouvoir
Garder les yeux clos, contact doux du drap
Mais ce n'est pas encore un drap, juste que c'est agréable
Cela appartient encore au corps
A cette sensation naissante.

Et d'un coup la voilà debout
Automatisme, le diable a surgi de la boîte
Il dodeline un peu
Tiens, comme ce bruit sur la terrasse des voisins
Badaboum, badaboum, et entre les deux une curieuse résonance
Juste avant, juste après, le coup de vent de l’alizé
Quand j'ai posé la question, on m'a parlé de tout sauf de la cause
C'est rigolo, comme ce diable qui enfile son pantalon.

Invitée à boire un jus de fruit, sur la terrasse
Je l'ai vue la cause, le parasol en son socle en béton
Juste après, mais aussi bien avant qu'il ne le déplace
Pour me mettre à l'ombre, un rayon du soleil couchant me faisant un clin d’œil
Entendre le badaboum, badaboum, et entre les deux...






La toute puissance divine

 

Dieu le refuge de l'ignorance

Celle qui absout l'homme

Tout en le soumettant à la loi divine.


Doublement impuissant.

C'est folie que cela.



AJ Harrison

Les petites histoires de Mamie Miche, les enfants ... (21)

 

Chassé-croisé, un continent en marche


Près de l’école, je passe avec les chiens

C’est l’heure de la récréation

Je guette si je le vois …

 

Il déambule dans la cour, tête basse, à grandes enjambées

Il est si grand, on dirait un héron fouillant les vases

Au milieu d’une volée de moineaux.


Il disparaît de mon champ de vision

Plus loin, entre deux murs, un passage étroit

Deux taties font la garde, chaises barrant le coin

Ici les enfants n’ont pas le droit d’aller bailler au portillon.

 

Le voilà, alors que j’allais partir, qui vient s’asseoir

Juste là dans le coin

Je l’appelle : « Maxime, Maxime »

Il ne m’entend pas

A la troisième tentative, il lève la tête, me voit

Rien ne bouge dans son visage, si sombre.

 

Souvenir de lui, bébé, dans la voiture de son père

Au fond de son siège auto, triste, si triste

Sentir au plus profond de mon être toute sa détresse.


Souvenir de son père…

Il avait trois ou quatre mois

Je l’avais laissé quelques jours, pour régler une affaire

De Nîmes à Paris, de Paris à Nîmes

Pas seul, évidemment, confié à son père et un couple d’amis

Le retrouver, prostré, triste, si triste…

Des heures pour le sortir de sa bulle mortifère

Des heures à le caresser, le cajoler

Rire, en ayant envie de pleurer

Et partager enfin la joie, retrouver son sourire.

 

L'enfant franchit l’interdit, me rejoint au portail, me tend son minois

« Ça va pas ? »

Il me dit que si…  et puis, presqu’à regret :

« C’est seulement que personne ne veut jouer avec moi »

 

J’ai rien dit, les mots de réassurance sont tombés sans que je les retienne

Ils ne disent que des conneries

Juste le caresser, rire avec lui, le temps d’un regard

Que je prolonge ici.

 

Ce que tu vis, mon petit, je le connais si bien

La solitude de la différence, invisible parfois

Là, en soi. Voir ce que les autres ne voient pas

Sentir, ce qu’ils ne sentent pas…

Pas moyen de s’intégrer, comme on dit

Il faudrait régner en maître, ou se soumettre

Que ces deux voies qui n'en sont pas

Restent loin de toi.

 

Tu vas apprendre, dans cette si difficile mise en relation

Tu vas apprendre à la connaître TA différence

C’est ta plume d’ange à toi

Et lorsque tu la verras aussi clairement que ce ciel vacuité

Tu trouveras quelqu’un... les yeux ouverts, et...  rire avec toi !


Et si cela ne se faisait pas !

Quelle importance !

Cela ne fait pas besoin, ni urgence

On n’est jamais seul quand l’énergie circule

Et surtout, on sait que tout est écrit, utile à …

Alors vraiment, plus rien n’a d’importance

Tu iras le pas paisible, je te le dis.



De pas en pas... Je passe encore avec les chiens...

Tu as grandi encore

Je te vois traverser la cour

Ce n’est pas l’heure de la récréation

Tu es si paisible

Me revient cette image de toi, dans cette même cour

Arpentant rageusement, la tête scrutant le vide à tes pieds.

 

Mon cœur sourit, c’est un continent qui se montre à voir

Cet enfant est un continent en marche...