mercredi 17 avril 2024

« Allez mamie ! Il faut que j'y aille Mamie. »

 

J'aime comme il dit ça :
« Allez mamie ! Il faut que j'y aille Mamie. »
Sa voix est belle
Posée, grave...

Et le voilà parti !


Kiyoshi Saitō 


Clinique, trois jours, trois nuits,,,

 

Trois jours, trois nuits
Une éternité
Descente aux enfers
Et le temps s’absente.


« Si, si » le pays des parapluies ouverts
Ouverts avant la pluie, au cas où
Incertitudes face à des certitudes
Ordre et contre-ordre
Le conflit absolu, sans fin, s'auto-générant. 


Je ne savais pas que cette porte s'était ouverte
Je, le petit moi, la conscience ordinaire, l'ego
Dans cette ignorance
Coup de buttoir
La porte s'ouvre pour le petit moi.

Il n'y a de surprise, de tressaillement, d'émotions
Que pour ce niveau de construction mentale
Plus haut en conscience, il n'y a pas de vague
Accomplissement immédiat.


Sûr, j'ai du sang tzigane dans les veines, et pourtant
Pour les tziganes je suis une gadjé, comme ici je suis une z'oreille
Quelle tristesse que cette humanité qui ne sait pas se reconnaître
UNE dans sa diversité.

Elle est si belle cette diversité !
De couleurs, de parfums, de chants
Et la voici rendu laide !


Dans le patio, j'ai cueilli une fleur de frangipanier
Parfum si doux.

Ramure en dentelle
Ramure de branches
En branche.


Cataracte et je voyais
De gros oiseaux plonger
De l'étage au-dessus
Passer devant la fenêtre close
Mais non !

Ils jettent des grabats
Dans une benne en dessous
Comme ils étaient beaux ces oiseaux
Grands, si grands, mystérieux
Avant que d'entendre le bruit sourd.

Restent les papillons, jaunes
Sur les grappes rouges
Ils mangent en dansant
Ils dansent en mangeant
Ballet si léger.



Le papillon jaune 


mardi 16 avril 2024

Le terrain

 

Être à soi-même
Son propre terrain d'expérience
Sans limite, incluant mourir.

Alors rire de la farce des territoires privés
Privés de liberté
Ici c'est libre, complètement libre.




 J.M.W.Tutner


Le champ des possibles


Quand je dis que les états se superposent sans que l'un agisse sur l'autre, je parle de cette expérience où la douleur est présente, en même temps qu'un état de profonde quiétude qui est le sens même de la joie. 
Je parle bien de douleur et non de souffrance, la souffrance est ce qui se surajoute à la douleur refusée, la douleur dont on s'écarte croyant pouvoir s'en séparer.

Est-ce le fait de ne pas se séparer qui permet la conscience de la douleur sans que la paix en soit troublée ?
Peut être... la non-séparation qui est Voir que je suis cela, qu'il n'y a pas "moi' et "mon corps" et "ma souffrance", ouvre le champ des possibles.




C'est mon choix

 
Je ne voulais pas vivre bien, bien vieille, toujours plus dépendante, finir en Epadh, etc.
Peu à peu les douleurs articulaires se sont installées, jusqu'à réduire ma mobilité, genou, hanches, pincement discal, la totale.
Longtemps j'ai géré ainsi ce quotidien en jeûnant. Presque plus de douleur, si non anti-inflammatoire, sans jamais en abuser. Onguent que je fabrique avec des huiles végétales et des huiles essentielles, tisanes pays et voilà !
Et voilà, je n'avais pas changé de direction, je ne deviendrais pas impotente, oui , mais !
On ne meurt pas d'arthrite, d'arthrose, la douleur ne fait pas mourir non plus. Je ne posais pas la question du comment, en moi le petit moteur ronronnait.
Comme un accident, sans prévenir, du sang dans les urines, un raz de marée, blocage, Urgences.
Je ne voulais pas y croire, non cela ne pouvait pas être une tumeur maligne. Devant l'évidence, coup de tonnerre ! Tristesse infinie, crises d'angoisse.
« Dans le meilleur des cas, dixit l'urologue de l’hôpital, ablation de la vessie, poche urinaire.  Dans le meilleur des cas  parce que s'il y a des métastases pas d'opération.
La valse des examens, attente des résultats, et encore l'attente. Les résultats sont arrivés mais on ne vous prévient pas, encore ce temps de revoir l'urologue qui lui a les résultats et ne vous les communique pas. 
C'est vrai que le stress est tellement bénéfique !

Oui, j'ai pleuré, fait de mauvais bilans de ma vie (pas d'amour en tout ça!), et j'ai encore pleuré. Me suis engagée à faire tout ce qu'il fallait, comme on me le dirait, tout ce qu'il fallait pour être guérie, sauvée !
Avant l'opération, chimio intensive en 4 séances. 
- Pourquoi 4 ?  avait demandé ma fille. 
- Parce que moins cela ne sert à rien, plus on tue la personne.
Quelle épreuve, que d'effets indésirables, mais j'ai été jusqu'au bout.

La tumeur a réduit de taille, n'a plus obstrué le rein gauche, rendez-vous avec l'urologue. On va vous retirer la vessie, l'utérus, les ovaires, le vagin, l'urètre. Catalogue non exhaustif des risques de cette opération.
Quand j'évoque une alternative à cette mutilation, sans même me regarder : « On ne vous le conseillera pas ! » Assommée, tout en moi crie NON ! Mais je dis OK.
Retour à la maison, mal, mal, si mal, je rentre spontanément en jeûne. Premier retour au jeûne depuis le début de l'affaire en Juillet 2023. Les douleurs articulaires s'apaisent, elles étaient devenus tellement intenses.
Devant ma détresse, le généraliste me conseille de demander un autre avis médical, de m'adresser en métropole.
Chose faite, je dis « J'attends, j'attends cet autre avis pour prendre ma décision. » Les jours passent, bientôt le dernier rendez-vous avec l'urologue avant l'opération. Les jours passent et la petite voix se fait entendre : «  Que fais-tu ? Est-ce ton choix ou pas ? Ne peux-tu pas décider par toi-même ? Libre de toute peur, libre de toute influence. »
Oui, je le peux, oui !
Cette opération, je n'en veux pas !

Le lendemain, le service de cancérologie de métropole m’appelle. Un médecin à l'écoute vraiment, qui confirme que selon les statistiques le meilleur moyen d'éradiquer une tumeur comme la mienne est cette opération. Mais oui, on peut vous proposer autre chose : réduction de la tumeur par les voies naturelles, radiothérapie et chimio. Je lui dis que ma décision est prise, je refuse l'opération. Écoute, tout est écoute.

Ce n'est pas la même musique avec mon chirurgien attitré, il est très fâché, pas content, pas content !
Pas grave ma décision est prise.

- 70 ans et limitée par les douleurs articulaires, je ne vais pas demander du rab. Juste limiter la progression, vivre au mieux, en paix les derniers années, les mois peut-être.
- On ne meurt pas d'arthrite, d'arthrose, toujours plus handicapant et cela peut durer longtemps, longtemps. Ce n'est vraiment pas mon but, alors le cancer c'est ma porte de sortie. Inutile d'entrer en des soins particulièrement agressifs et cette opération à ventre ouvert c'est le pire pour moi.
- Cette porte de sortie j'en ai décidé. Pas le petit "je" de l'ego, non, le "Je suis" au-delà le vide et le toujours plus, vient parler au manque d'énergie de la conscience quand la peur fait barrage à l'information issue des calculs incessants faits, par, dans, la nature.
Le refus de la grande vieillesse en décadence a été rendu possible par l’acceptation de la mort, et cela ne manque pas de développer un plan, ce plan est resté inconscient jusqu'au moment de plus du tout avoir peur de la mort.
L'idée n'est pas la chose, la chose s'est présentée. L'idée fait à la fois barrage mais elle prépare (sauf à s'accrocher à elle, à elle comme à une bouée de sauvetage).

Il a dit :  « Mourir d'un cancer! » 
Comme si ,,,




lundi 15 avril 2024

Descendre

 

Cet espace en soi
Où tout est possible
Où que tu sois
Quoi qu'il se passe
Toujours plus profond.






C'est la caresse d'un rayon de soleil.


En passer par les explications ou les propositions de représentations d'autrui
C'est renoncer à sa propre participation 
En tant que potentiel de conscience de notre relation au monde. 

C'est bien le pire qui puisse être fait, se priver de sa propre compréhension
Céder au chantage de ceux qui vous enjoignent
Vous somment de rester aveugles et sourds afin de pouvoir vous diriger.

Rencontrer l'autre au niveau de notre relation au monde
Est une toute autre affaire...