L' enfant, 10 ans
peut-être
Il y avait ce disque
chez la tante où elle allait pour quelques vacances
Impasse Bayen dans le
17 ième
Souvent seule dans
l'appartement au-dessus du garage
Elle écoutait de la
musique sur le tourne-disque.
Il y avait cette
chanson de Berthe Sylva : Des roses blanches pour maman
Y'avait rien à faire,
à chaque fois qu'elle l'écoutait cela finissait dans le ruisseau
De larmes, et de gros
sanglots à soulever le cœur, cœur trop lourd de toutes ces misères
Elle se disait :
je ne l'écouterai plus, voilà tout !
Et puis, elle se
disait : allez essaye, cette fois-ci tu surferas la vague sans
t'écraser
Comme une grosse
mouche à merde sur le gros pâté qui sent pas bon
Rien à faire !
Et c'est pas aujourd'hui qu'elle l'écoutera parce que...
Elle est là, cette
émotion si puissante retenue en elle, en chacun, en chaque créature
vivante sue cette terre
Humanité qui tarde à
naître qu'il y a les enfants qui meurent de faim
Et ceux qui ne
connaissent plus le goût des choses
Etc, etc.
Alors surfeuse que
fais-tu là ?
Elle ne sait pas...
C'est plus fort qu'elle...
Elle pourrait
prétexter la fatigue, mais ce ne serait qu'un prétexte
Vois-tu, cette une
tournante, comme un travail en équipe
A chaque instant
quelques uns sollicités pour prendre en eux, cette émotion qui
fait son sillon.











Kevin Carter 
