Oh mère

 

Je t'entends dire que je suis folle

Oh oui ma mère, je suis folle

De la part enfermée en toi.

Enfermée dans cette humanité

Qui souffre autant de la naissance

Attendue pourtant !

Déjà ici

Elle te parle...

 

Quand l'inéluctable, la mort
Se révèle un refuge, un réconfort
Parce que tu l'entends, elle te parle.

Seamless 

Bon sang

 

Nous avons parlé de la mort

A chaque fois qu'ils viennent, ils abordent le sujet

C'est que je suis la prochaine sur la liste

Ah non, pourtant ! 

C'est que les autres plus âgés ont peur de mourir

Alors peut-être ne mourront-ils pas...

Le plus petit est stupéfait 

« Comment tu n'as pas été triste quand ton père est mort ! 

Moi, j'ai pleuré ! »

Bon sang, il ne le connaissait même pas le vieux pépé de l'autre côté des océans

Mais voilà que pour cet enfant, aimer c'est avoir peur de perdre 

Et la peur est là, si envahissante, transmise de génération en génération.

Mais enfin, qu'est-ce que cette histoire ? 

Ne voyez-vous pas que sur cette terre nous sommes de passage ? 

Ne voyez-vous pas que nous venons faire un travail ? 

Surtout pas pour s'installer, envahir, exploiter !

Déjà publié ici

Rami Ammoun 

Du vivant ... naissance et mort

 
La mort, en parler, y penser
Cela est considéré par le consensus
Comme un signe de dépression.

C'est dire !
Comme tous ces grands penseurs
La tiennent (la mort), loin, loin
Là-bas où je ne suis pas !

Après quoi... cette séparation
Entre ceci et cela, en soi
Quelle souffrance !

Naissance et mort en chaque instant
Dans la paix, sérénité
Le chant du monde si beau.

Nunzio Santisi

Du vivant ...

 

Te souviens-tu le coup du piège ?

Il y avait les jeunes neveux qui marchaient devant

Tu allais derrière eux, je fermais la marche.

Où allions-nous ainsi dans ce terrain broussailleux ?

Je ne sais plus... un vestige que l'un de vous voulait montrer aux autres

Je fermais la marche, et j'ai mis le pied dans un piège

Pas de blessure, mais déjà tu revenais vers moi me disant :

« Ma pauvre grande quand il y a un piège, c'est toujours pour toi. »

Et encore me faisant remarquer que tous étaient passés là et...

J'avais aimé mi-figue, mi-raisin

J'y ai repensé parfois et un jour j'ai compris que

Oui, il en faut un qui désamorce pour les autres

Un qui tombe, et qui se ramasse encore et encore.

Hé bien vois-tu, ce matin à l'heure précise où tu es parti

Au bout de ces longs mois de souffrance

Là-bas, bien loin d'ici

Je marchais dans St Pierre, le téléphone sonne

Je le cherche dans le sac, un trou dans le trottoir

Et patatras les quatre fers en l'air

Juste eu le temps de voir l'heure sur le cadran, 11 h

Huit heures à Chartres, ton dernier souffle.

Quoi qu'on en dise

Mourir, c'est naître

Ce n'est pas que je veuille y croire

Il n'y a rien à consoler.

Déjà publié ici

Mark Rothko 

Du vivant, naissance et mort ...

 

La fatigue pour mettre un terme à la journée

On n'a jamais rien fait de mieux

C'est comme la vieillesse pour la mort.

Frédéric Lamy

Ces forces nous font...

 

Des forces gigantesques sont à l’œuvre

La peur tient éloigné les curieux

Pourtant ce sont eux qui en font des tonnes

Racontent des histoires à dormir debout.

Ces forces sont celles qui organisent le monde.

Déjà publié ici

Victo Ngai

Du passage...

 

 Le chien malade depuis des mois

C’est une sacré leçon un animal malade

Rien ne se sépare en lui

Si bien qu’il continue à vivre

Tout entier dans ce qu’il fait.

 

Le soir, il a fait la ballade

Le matin, il était entré dans ce passage

À son rythme à lui... moi,

Pour la première fois, dans le respect

Accompagner, sans se dire qu’il faudrait

Faire ceci, ou cela.

 

Lui proposer à boire

Le toucher doucement

Lui parler

Et surtout, laisser cet espace

Celui de la mort

Un espace qui ne cesse de grandir

Vacuité.

 

Il n’est plus qu’écoute

Les yeux fermés

Il écoute

Son monde familier

Se dissoudre dans l'immensité

Du chant du monde.

Ainsi le dernier sens qui nous relie

Alors que le corps se prépare à la décomposition

Retour à la matière infiniment vivante

Est l’ouïe…

 

La conscience est une grande oreille

La vibration est son

Première et dernière  expression de la lumière.

Nuha Notion

Faute de toucher en soi...

 

C'est sur nous-mêmes que nous pleurons

Lorsque vient à disparaître un être cher

Que vais-je devenir ? Je suis perdue sans toi !

Nous pleurons sur nous-mêmes

Faute de toucher en soi

Le lien vivant qui nous fait au monde.

Le vivant (naissance et mort) n'a ni commencement, ni fin

Ce qui commence (naissance) finit toujours (mort).

De la chose avortée

 

Il n'y a aucun frémissement en moi

Devant les choses qui finissent

Le fait est le Fait.

Est-ce d'avoir autant pleurer ?

Non, ce n'est pas sur la finitude que celle-ci pleura

Mais sur ce qui ne parvenait ni à mourir, ni à naître.

L'inatteignable

Tel celui qui marche vers l'horizon

Et veut l'atteindre

« Après ce col, après ce virage

Nous y serons ! »

Le sens est là partout

Naissance et mort

Mais il n'en veut pas.

Ainsi se sont construites les sociétés

Les institutions gardiennes

Les hommes de pouvoir

Et toutes les soumissions.

Déjà publié ici 

La page tournée

Quelque chose est mort, c'est sûr
Fini à tout jamais...
Et j'en vois bien quelques uns
Qui ne savent pas l'ignorer.

Les autres, si nombreux, font comme si
Mais leurs corps parlent de ce que leurs têtes
Ne veulent pas VOIR et c'est entendre aussi.

Extraction

Les plus honnêtes ont renoncé à prétendre pouvoir connaître le Réel. Ce que pressentaient certains courants philosophiques, la physique quantique en témoigne, l'observateur et son objet d'observation ne sont pas séparés. "Entre" ces deux-là, bien plus qu'une inter-action superficielle, bien plus que ces relations faites d'attentes, de compensations, de marchandages, de subordinations, bien plus qu'un raisonnement appliqué à un problème prédéterminé, rien de ce que produit l'esprit de l'homme.

A ce stade toutes les compromissions possibles et imaginables. Si nous ne pouvons connaître le Réel, alors attachons-nous à décrire comment il nous apparaît ! Peut-être même qu'il n'est autre que notre production mentale. A moins qu'il ne soit tout autre, en dehors de nous ses créatures. Implorer ce très haut ce très grand qu'il nous accorde sa miséricorde !

Pourtant, c'est au moment, où il n'y a plus aucune branche à laquelle se raccrocher, dans ce silence de l'esprit qui expire en un « je ne sais pas » absolu... être extrait de cette plainte infinie et morne. 

Déjà publié ici  

 

De cette naissance

Cette émotion, mais tout aussi bien
On pourrait parler de force
De celle qui pousse, de celle qui tire
De celle qui fait craquer
Et puis voilà !

 Elena Vizerskaya

Toute histoire commence par ...

Toute histoire commence par quelqu'un qui part

Le manque s'invite comme un convive.

Elle finit cette histoire dans la complétude

En soi la complétude, toujours !

 

Toni Demuro

Départure

Toute histoire commence par quelqu'un qui part

Le manque s'invite comme un convive.

Boris Smelov

Comme la chenille...

Penser que cela participe d'un processus de développement
Nous condamne irrémédiablement à rester enfermés
Comme la chenille, il nous faut mourir à cette condition.

 Artist Sakimichan

L'extase de l'agonie

Ils paniquent, alors ils s'accrochent

Histoire de durer encore un peu

Dans autant de souffrance !

Alors on parlera de leur courage

Qu'ils ont bien lutté avant de rendre les armes

Mais...

Jamais, jamais, ils n'auront connu

La douceur, la profondeur, l'extase

Du lâcher-prise

Pauvres d'eux !

L’œil gauche triste

C'est tragique ce renoncement à...

Complainte et plainte ne font qu'une

Le troupeau pour l’abattoir

Attendrissante émotion

Cela n'est pas la mémoire vive.

Accompagner l'âme dans le passage

Reconnaître dans l'agonie un état privilégié

De conscience accrue

Les étapes de la réintégration des énergies

Celles qui soutenaient la production des formes.

Et ce conseil soufflé à l'oreille du mort

« Va, ne te retourne pas vers le familier

Avance dans l'inconnu

Ne te laisse pas aller, dirige tes pas

Ferme dans la lumière, sois la pure conscience. »