mercredi 6 décembre 2017

suite et fin Mme Loublié

J'avais franchi ce pont et déjà le glissement, peut être depuis la veille quand on m'avait parlé d'elle avec tant de commisération, qu'on lui avait laissé le tampon que plus personne n'allait la voir depuis qu'elle ne pouvait plus héberger les pèlerins. Mais au fond quand les rencontres se font, c'est comme si elles étaient inscrites dans le chemin de vie.

A chaque fois, cette intimité immédiate, enfin plus que cela parce que cette forme d'intimité je la ressens avec toutes personnes, les humains, mais aussi les animaux, et les arbres, et les montagnes... il n'y a que les humains qui s'en trouvent gênés, alors garder cela secret. Plus ?

C'est attendu, un rendez-vous qu'il est impossible de manquer, qui vient à son heure sonnée, quelque chose s'étonne de cela, quelque chose le sait. Quand je suis partie, je l'ai prise dans mes bras, elle tremblait un peu, je crois qu'à cet instant, c'est sa mère qui la prenait, elle petite fille, contre son cœur. Le vent avait fini par répondre à son appel. 
Là, le temps n'existe plus, c'est bien tous les temps en même temps...
 
 
 Gustave Moreau - Galatea

Madame Loublié

Les cordes du passé 
Comme celles d’un violon
Vibrent l'air en un appel

Celui du grand sapin dans la nuit
J’ai connu une petite fille
Qui mêlait ses larmes au vent.
 
Je l’ai connu bien vieille
Sur le chemin de Compostelle
Son nom, Mme Loublié.
 
Je m’étais arrêtée parce qu’on m’avait parlé d’elle
Le prétexte ? La crédentiale à tamponner
Je m’en tamponnais bien
Marchant toujours à côté, mais…
 
En face de l’église
Je me souviens aussi d’un pont traversé
J’ai frappé à sa porte.
 
Elle m’attendait, c’est sûr
Elle m’a parlé, parlé
Comme on noie son dernier chagrin
Juste avant de partir.
 
Pendant la dernière guerre
Petite parisienne, elle avait été "déportée"
En Auvergne, où on n’en doutait pas
Elle serait à l’abri, et nourrie correctement
Mais voilà, c’est toujours la même histoire
Il y a cette chose dans l’humain
Qui lui fait manquer de tout dans la séparation
C’est son destin, ça… avant de toucher là ...
Voir ! 
 
Tous les soirs, elle pleurait sa mère
Restée dans la grande ville
Alors elle allait sous le grand sapin
Dans le vent, et même la pluie
Persuadée que celui qui chantait
Du bruissement des longues branches
Comme autant de cheveux emmêlés
Persuadée que ce souffle emporterait
Loin là-bas jusqu’à la capitale
Sa plainte et que sa mère l’entendant
Viendrait la chercher… 
 
 
 

Nous parlions de clair-obscur...

S'enfermer dans sa propre parole
S'enfermer dans autant de définitions
S'enfermer dans les peurs des anciens
S'enfermer dans la coutume et la culture
Tout ce qui a été maintenu comme mensonge
Parce qu'enfin nous le savons que nous allons mourir
Que s'ouvre là le champ de l'inconnu
Si beau chant en vérité...

A la pointe de l'aube
Grand coup de vent
Un air froid venu d'ailleurs
La porte s'ouvre... lumière
Ils passent, elle se referme
Non à la manière de la porte
Que tu tiens bien fermée
Surtout que je n'entre pas !

Non, c'est le jour qui se lève...
C'est la nuit qui quitte...

Je disais ne pas connaître l'opposé
Au couchant...
C'est faux ! 
Le soleil n'est plus visible
L'obscurité a gagné
C'est alors le clair-obscur
La porte s'ouvre... 



Clair-Obscur pour les enfants de l'eau

Auteur inconnu.

mardi 5 décembre 2017

A la croisée des chemins, elle était assise

Je la voyais si distinctement, assise sur une souche à la croisée des chemins
Que faisait-elle assise là ?
Elle ne semblait pas attendre, je ne percevais pas de tension en elle
Mais il y a des attentes sans objet, alors peut-être…
 
Elle ne semblait pas perdu, ni dans l’inquiétude.
Pourtant à la croisée des chemins, n’y-a-t-il pas un choix à faire 
Pour diriger ses pas ?
Celui qui sait, ne fait pas de choix… c'est donc qu'elle savait !
Alors pourquoi restait assise là ?
 
Une brume s’est levée, enveloppant le paysage de volutes gris-bleutées
Un coup de vent soudain a déchiré le voile
Elle n’était plus là…



 Michel Ogier

Coûte que coûte...

Quelle est donc cette force qui permet de camper une position ?
Celle-là même, la même qu'hier et qu'il faudra maintenir encore demain ?

Je n'en vois qu'une pouvant cela, la volonté !
Qui dit que l'on a bien raison
Que l'on est dans son bon droit, dans sa juste mesure, dans sa droiture
Une forme de règne qui s'accomplit ainsi de jour en jour
Création d'un temps qui dure, qui se projette à l'infini
De l'infinitude de la décrépitude.

René Char disait :
"Sur les arêtes de notre amertume, l'aurore de la conscience s'avance et dépose son limon."
(Fureur et Mystère -1948)


lundi 4 décembre 2017

Un visage...

Son visage tendu d'une belle lumière
Son regard bleu acier, traversant l'espace
En ce visage-là rien ne bouge
Pas même un cil
Mais !
Vivant, tellement vivant !


 PATHWAY By Mikko Lagerstedt

Ondes cérébrales

La zic s'est mise à faire des allers et retours
D'une oreille interne à l'autre...
Chants électriques, haut en couleurs
Chouette !

Les deux tympans
Vibraient en résonance
Le temps de prendre conscience de...
En un éclair ce n'était plus.