Il
était assis sous le flamboyant rouge de sa floraison en ce mois de
décembre, captivé et attentif à l'ombre, il la sentit s'approcher.
Elle
se tint là un moment silencieuse, peut être qu'elle pensait qu'il
ne la voyait pas, mais il la voyait, peut être attendait-elle qu'il
lui manifeste quelques intérêts pour lui parler, mais rien en lui
ne bougeait.
Le
temps suspend son vol... cela arrive, pas si souvent dans la vie
courante, Victor est coutumier de ces glissements en conscience et
celle-là a glissé avec lui dans la faille. Il la regarde, lui
sourit, mais déjà elle n'est plus là avec lui. Elle parle, semble
s’égosiller, il ne comprend pas ce qu'elle dit, les mots dans la
tête de Victor s'entrechoquent sans cohérence, elle a peur.
N'a-t-elle pas vu ?
« Que
regardes-tu ainsi ? Dis que regardes-tu ? ». Il
va lui répondre : «Je te regarde. » mais l'instinct qui
le guide depuis ces années d'exploration solitaire étouffe la
parole dans sa bouche, il bredouille maintenant avant de saisir au
vol la pensée de ce qu'il faisait là au moment où elle arriva :
« Je regarde l'ombre ». Comme elle veut encore parler à
ce curieux garçon, elle dit que oui, l'arbre offre un ombrage
rafraîchissant alors qu'il fait si chaud !
Elle
n'a rien saisi croyant avoir compris, elle cherchera bientôt à
comprendre s'il lui dit qu'il ne s'agit pas de cela. Victor sent une
grande fatigue l'envahir, il ne veut pas perdre son énergie en des
discussions stériles, il se tait sans oublier de sourire. Cela
fait parti de son protocole, ne pas se laisser perturber dans sa
vision des choses, toujours avec gentillesse, ne pas blesser, ne pas
déranger autour de lui, le moins possible, juste ce qui est
indispensable à ce travail en lui.
Manuella
le regarde maintenant avec un air grave, presque un air de reproche,
elle soutient son regard, plonge le sien en lui : « Non,
ce n'est pas ça ! Tu ne profitais pas de la fraîcheur, je me
trompe. » Et tournant les talons, elle s'éloigne rapidement.
Mada