Il
est question de naissance...
Avoir
porté en son ventre
Laisser
grandir en soi
Mettre
au monde
J'en
ai déjà parlé plusieurs fois
Pas
de péridurale en ce temps-là
Avoir
d'instinct surfer la vague
Entre
plaisir et douleur
Et
ce moment si intense de la délivrance !
Accueillir
l'enfant nouveau-né
En
tellement de joie, et de fierté
Extase
de conscience accrue.
C'est
bien plus tard que j'ai lu cet homme
Frédérick
Leboyer, médecin de son état
Un
avec qui j'aurai aimé parlé...
Il
vient de mourir
Dans
un presque parfait silence médiatique, c'est dire !!!
Ci-dessous
quelques extraits d'un entretien
C'est
bien ça !
–
La
naissance me semble l’exemple-type de l’événement unique dans
le temps, de l’événement absolument non-reproductible. Ne
défie-t-elle pas de ce fait tout approche scientifique ?
–
Frédéric Leboyer :
Absolument. Chaque instant est nouveau, chaque naissance est
différente. Vouloir l’aborder scientifiquement est une erreur.
Comme la science ne s’intéresse qu’à des faits reproductibles,
elle est par essence en-dehors de la vérité. On ne peut s’approcher
de la vérité que par des symboles, des paraboles, que ce soient les
paraboles chrétiennes, celles des autres mythologies, ou celles
qu’employait Freud. Quand l’approche scientifique ne marche pas,
on pense malheureusement qu’il faut plus de connaissances, de
recherches, de crédits, et qu’alors on saura… Non ! Il faut
prendre un autre chemin, une autre attitude, une autre perspective.
Il faut envisager que la science n’est vraie qu’entre certaines
limites. Au-delà, que devient-on ? On l’ignore. Mais on vit encore
dans cette illusion du XVIIIème ou du XIXème
siècle que la science pourrait finalement rendre compte de tout.
La
naissance est un changement de niveau. C’est pourquoi il faut
cesser de la voir comme un problème médical, biologique,
physiologique. Il ne faut pas la regarder avec les yeux des médecins,
ni avec nos yeux d’êtres humains. C’est un autre langage, une
autre dimension, comme la mort. La naissance est une intersection de
la durée, une entrée dans le temps quotidien, ordinaire.
…...
–
Une amie qui a eu deux
enfants m’a dit ces paroles merveilleuses : « quand une femme
attend un bébé, à partir d’un certain moment, elle entre dans un
état extraordinaire, elle n’attend plus rien, elle est comblée ».
Dans la vie nous attendons toujours quelque chose, un livre, un film,
un amant, un enfant… Elle, elle était sortie de la durée, dans la
mesure où elle était complète. Cet état de plénitude où enfin
on n’attend plus rien parce que plus rien ne manque est
indescriptible…
– Sans
doute rejoint-il l’expérience mystique…
–
Exactement. Et les hommes
essaient de revivre ce qui vient naturellement à la femme. Ils ne
peuvent y parvenir qu’en retournant à leur propre naissance
puisqu’eux-mêmes ne peuvent pas accoucher. Tous les chemins
initiatiques sont des retours au sein de la mère pour revivre cet
état de fusion totale.
…
–
Que se passe-t-il dans la
conscience d’une femme au moment de l’accouchement ?
– Une
femme qui a touché les profondeurs d’elle-même cesse d’être
limitée dans son corps pendant l’accouchement. Tout d’un coup
elle devient une avec la Mère Divine, c’est-à-dire avec la vie,
avec la Terre. Elle perçoit que quelque chose passe à travers elle.
La peur de la grande expérience initiatique où, tout d’un coup,
les murs du petit moi mental tombent. Ce fantastique élargissement
du champ de conscience fait si peur que la femme s’en défend
désespérément. Elle se raccroche à n’importe quoi. Elle est en
train de se noyer ; or, il faut qu’une personne, qui ait elle-même
vécu cela, qui se soit déjà noyée, ait le courage de lui dire «
noie-toi », qu’elle la laisse se noyer, mourir. Car souvent elle
meurt sous vos yeux : j’ai vu des femmes devenir blanches, vertes,
avoir des sueurs froides, leur visage se creusait comme celui d’une
agonisante. Elles sont passées par la mort, puis sont revenues à la
vie.
Je
ne peux que vous convier à découvrir l'intégralité de cet
entretien... c'est un beau partage...
Ces derniers mots :
J’entrevois
de plus en plus, sans trop comprendre, que tout ce que j’ai écrit
sur la naissance s’applique en fait aussi à la mort. C’est la
mort que je suis en train de raconter, de comprendre, de deviner. Ce
n’est pas un parallélisme que je vois entre elles, ni une
symétrie, mais…